Sigmund le Rouge ou la mort d’un homme seul
Voici la réédition d’un deuxième article qui vous permettra de
mieux saisir toute l’ampleur de l’héritage de ce grand homme qu’était
Sigmund le Rouge
Il y a environ un mois de cela j’avais atteint l’acmé de la
longue phase de dépression, de doute et de remise en question dans
laquelle j’étais entré depuis plusieurs années… Ne pouvant rester plus
longtemps dans cette situation, j’ai décidé de partir loin pour faire
le point, me ressourcer et réfléchir à ma condition d’humain
métamorphosé en chat… Je me suis donc exilé pour un temps dans les
froides forêts du Nord et c’est là que j’ai fait une rencontre à
laquelle je ne m’attendais pas et qui m’a fortement encouragé à
raccourcir mon séjour pour revenir dans ma province y retrouver les
personnes qui me sont chers. Je vais tenter ici de vous compter mon
étrange rencontre avec ce singulier personnage que fut Sigmund le Rouge
car elle ne sera pas sans conséquences pour moi comme pour vous tous…
J’errais donc dans les sous-bois de ces gigantesques forêts
méconnues de la plus part d’entre nous, je me nourrissais
essentiellement de petits rongeurs que je chassais tant bien que mal et
trouvais de l’eau en mangeant de la neige… Ce fut ainsi pendant
plusieurs semaines et puis j’ai découvert une petite cabane à l’air
miteux et peu avenant, mais étant donné les conditions du moment je
n’ai pas fait le difficile. Cette habitation (si on peu appeler cela
ainsi) était la demeure de Sigmund le Rouge : un homme petit de taille
moyenne, oh non il n’avait pas les moyens…, habillé d’un costume trois
pièces gris en lambeaux, il portait de petit lunettes ronde et une
courte barbe blanche. Son accueil fut chaleureux, apparemment heureux
de voir une personne douée de parole, il m’invita immédiatement à me
réchauffer auprès d’un petit feu crépitant avec peine dans la cheminé
de l’unique pièce de sa modeste cabane. Il m’offrit un verre de liqueur
d’écorce qu’il distillait lui-même et un très bon cigare dont j’ignore
encore la provenance. Nous discutâmes ainsi pendant plusieurs jours, je
ne rapporterais ici, par pudeur, qu’une très faible partie de nos
discutions… C’est donc ainsi que j’ai appris que Sigmund le Rouge était
un haut fonctionnaire Kralandais exilé depuis déjà maintes années ;
réfugié politique il c’était tourné naturellement vers le Khanat
Elmérien (sa père était elmérien…) mais le Khanat n’a pas été pour lui
la terre d’asile qu’il espérait et il s’est vu froidement rejeté par un
peuple qu’il avait en son temps défendu avec fougue dans son pays.
Déçu, et ne sachant où aller, il c’est réfugié dans les froide forêts
de Nord, vivant des lors en ermite loin de toute civilisation… Sigmund
le Rouge est décédé dans son sommeille le cinquième jour après mon
arrivée. C’est de la mort d’un Grand Homme dont j’ai été témoins et il
est mort seul abandonné de tous les siens, il a néanmoins réussi à me
transmettre sa fougue révolutionnaire et c’est avec son souvenir ému
qu’un nouvel Ordre verra bientôt le jour…
Jormangard l'Ouroboros